La météo est idéale, froid mais pas trop à l’ombre en altitude, peu de neige, alors il faut vraiment en profiter ce week-end. Avec Cyril on hésite, on a plusieurs idées… et puis soudain vendredi tout s’éclaire, un mail de Jean Marie nous dit que la route de la Bérarde est ouverte. Alors là, il n’y a plus de doutes (ou presque….) c’est vers l’Encoula qu’on va aller. Depuis le temps qu’on voit cette cascade en complète déliquescence lors de nos virées de ski de printemps, à cette époque elle doit forcément être en bonnes conditions. On a juste un peu peur que plein de gens aient la même idée que nous, mais bon pour une cascade comme ça on est prêt à quelques concessions, et puis de toutes façons, se balader à la Bérarde en ce moment ,rien que ça, ça nous réjouit.
Départ vers 8h30, Jean Marie est là aussi mais eux c’est vers le refuge Temple-Ecrins qu’ils vont. Approche sereine, il n’y a absolument personne dans le secteur et la belle semble prometteuse.
Vers 9h30 on attaque, 2 longueurs en 3 réalisées à corde tendue. Il y a même un peu de soleil et l’ambiance au milieu du granite de l’Encoula est assez démente… Enfin nous on adore.
L3, courte et soutenue, Cyril s’y colle avec brio, en fait la glace est très stalactitée et aérée ce qui rend le brochage un peu aléatoire.
En second tout de suite on est beaucoup plus décontracté. Je continue donc par une autre longueur de transition vers le fameux cigare…
Et le voici, 25 mètres de haut, fin, raide, magnifique quoi… mais aussi complètement fendu à sa base et beaucoup trop impressionnant pour nous.
C’est donc sans regrets qu’on va tâter du mixte à gauche. 15 mètres d’herbes, de rocher et de rhododendrons raides et peu protégeables… Cyril est content quand il arrive au seul point de la longueur (un spit muni d’une longue sangle). A partir de là une traversée rocheuse puis un court dièdre un peu foireux mais où on peut mettre un friend et hop le tour est joué… C’était assurément le passage le plus expo de la voie.
Après ça encore un petit traversée facile et on peut reprendre tranquillement notre ligne, un large toboggan glacé au milieu d'un joli granite poli par l'eau. Avec notre 55 m on y tirera 4 grandes longueurs de pur plaisir…
De la glace facile, un vide qui se creuse petit à petit.
Y a pire comme cadre pour poser ses piolets, coup d‘œil vers le sud…
Vers le nord c’est pas mal non plus.
Dernière longueur avec de la glace tendre qui repose enfin nos mollets mis à rude épreuve jusque là, un peu de neige pour terminer et une jolie perspective sur le vallée qui est maintenant bien loin.
Reste donc plus qu’à redescendre. Ce n’est pas toujours simple mais ici c’est facile, il suffit de récupérer les relais chainés de « Balade dans l’eau de là » une voie d’escalade qui borde la cascade.
Avec notre 55 mètres 5 rappels et un peu de désescalade nous ramène au dernier qui nous permet de tutoyer le cigare de près. Jolie perspective en effet mais définitivement trop aléatoire pour nous même en moulinette.
Et voila 7h après notre départ on est de retour aux sacs, un poil fatigués mais diablement heureux d’avoir gravi cette ligne terriblement esthétique et complètement majeure dans ce degré de difficulté (tout à fait raisonnable sans le cigare).
Un dernier clin d’œil de la montagne et on rejoint la Bérarde à la nuit. Waouh quelle belle journée !!! Ah oui et puis aussi, le titre de l'article, en fait c'est le nom de la cascade, alors je ne sais pas si l'air était iodé mais l'effort en tout cas était bien là.