Même si un brin de lassitude et de fatigue pointe les conditions sont tellement bonnes qu’une fois de plus on se lève et encore plus tôt…. Toujours direction l’Oisans dans un coin où pour une fois l’accès est très rapide. Pas de longue vallée à remonter ici, après quelques centaines de mètres sur les pistes de ski de fond on traverse la Romanche et on attaque tout de suite des pentes du vallon de l’Homme.
Manu profite du privilège de ceux qui se lèvent tôt…Pour l’heure ce n’est pas vers le soleil qu’on va, c’est plein nord pour une montée un peu frisquette dans une neige encore poudreuse.
Vers le haut le soleil vient quand même nous réchauffer un peu. Il y a quelques traces dans ce beau vallon peu connu mais qui propose pourtant prêt de 1200 mètres de pentes soutenues, souvent poudreuse quand on bifurque nord et sans aucune marche d’approche (rare en Oisans).
Lio à la brèche du Peigne où il est l’heure pour nous de basculer sur un autre vallon, des fois qu’une face plus ensoleillée nous offre une belle ligne d’ascension.
Manu un peu perplexe devant l’un des objectifs possibles du jour. C’est vrai que tout ça semble bien délicat, alors même si on monte au pied de la face c’est sans regret qu’on la laisse pour des jours meilleurs.
En attendant la suite on s’offre quand même un peu de transfo avant de remonter à la brèche. A celle-ci je rencontre Philippe maintenant guide à la Grave et avec qui j’avais partagé le même collège savoyard, tout ça ne nous rajeunit pas…
Ensuite on replonge plein nord où la neige est vraiment extra, après plusieurs randos en transfo ça fait du bien de retrouver un peu de poudreuse.
Vers 2400 on s’arrête, il n’est que 10h30 alors on ne va pas descendre tout de suite. Une grande traversée doit pouvoir nous amener dans l’axe d’un couloir qui pourrait avec les conditions extra du jour, être très bon.
C’est effectivement pas mauvais mais le vide se creuse de plus en plus (et encore heureusement on n’a pas vu le bazar du bas…). Après avoir rencontrer un passage un peu glacé promettant d’être délicat à la descente, on passe à pied. L’ambiance est carrément extraordinaire sous l’immense sérac du Fauteuil Glacier dont on peut penser qu’on est protégé ici (sauf rupture cyclopéenne…).
Un peu plus haut, la neige bien que parfois irrégulière n’est pas mauvaise, la pente est encore très raisonnable mais, mais pour moi d’un coup l’expo devient trop importante. En plus comme on n’a pas de renseignement sur ce couloir et qu’il semble se raidir et se rétrécir… On discute un peu tous ensembles, et avec Lio on laisse Manu aller voir la suite, nous l’attendrons sous l’étroiture. D’un coup la pression retombe, ils nous restent bien quand même quelques virages forts exposés mais on doit pouvoir se faire ça tout à fait tranquillement. Les conditions météo sont parfaites alors on profite du paysage absolument splendide tout en observant Manu grimper. C’est vrai que le haut n’a pas l’air mauvais. Au bout d’un moment je rechausse et descends tranquillement, je déchausse pour les quelques dizaines de mètres un peu glacés et attends mes compères (des passages comme cela avec un piolet à la main j’en ai déjà fait de nombreux mais aujourd’hui autant la jouer tranquille jusqu’au bout).
Ca y est Manu a rejoint Lio et ils se pointent sur la «vire infernale», Manu sort son piolet et nous fait donc l’ensemble sur les planches, bravo mon gars. Il est enchanté par ce couloir pas si raide (5.2 ?) et en excellentes conditions.
On avale vite fait les 300 mètres de déniv, toujours en super neige, qui nous séparent du vallon de l’homme.
Et hop on peut enfin se retourner sur l’itinéraire… Ah oui pour l’expo je pense que c’était pire que ce qu’on imaginait du dessus. Par contre n’aller pas croire que c’était un truc de malade. Aujourd’hui les conditions étaient super bonnes et tout ne dépendait que de notre moral et de notre technique.
Voilà après un retour à ski à la voiture sur une neige toujours très plaisante on remonte quelques lacets sur la route du Lautaret pour aller voir un peu l’ensemble de notre itinéraire (enfin sauf l’excursion en versant ensoleillé). Superbe je trouve, encore une belle «journée découverte» en Oisans, jamais je n’aurais imaginé aller poser mes skis un jour vers les séracs du Fauteuil Glacier…