En cette saison les départs sont de plus en plus matinaux et j’avoue que ça nuit parfois grandement à ma motivation, surtout qu’on peut aussi faire plein de choses tout aussi ludiques que le ski et un peu moins fatigantes, de l’escalade par exemple. Mais bon il reste encore quelques plans pas trop loin, les Grandes Rousses versant ouest au départ de la Villette en sont un. Rendez-vous à 6h30 pour un départ de la voiture vers 7h30, ça va. On arrive à monter jusque vers 1750 et à 1800 on chausse c’est pas mal.
Il fait très beau ce matin et la montagne toute repeinte en blanc par les dernières chutes de neige est vraiment fantastique. Regel excellent, une petite pellicule de poudreuse à partie de 2000 environ qui deviendra conséquente un peu plus haut.
Notre objectif du jour, avant il faut monter aux Aiguillettes de Vaujany puis redescendre sur le col Couard.
En attendant on profite pleinement de l’ambiance, on s’en met plein les yeux et c’est Cyril qui prend les photos ce coup-ci car j’ai oublié mon appareil.
Les Aiguillettes et leur face est sont maintenant derrières nous.
En montant un des couloirs nord des Cimes de la Cochette, j’ai déjà fait ici celui décrit dans les «89» alors atteindre celui-ci en boucle ça parait pas mal. En tout cas on va aller voir.
2 personnes nous précèdent dans la montée ça nous aurait presque fait une belle trace à partir de 2600 où la couche devient conséquente, mais non même pas, on la trouve souvent trop raide alors Cyril retrace. La neige super bonne est plutôt saine ici, ça promet surement une belle descente.
Petite pause au sommet il est midi, nos amis traceurs redescendent par l’itinéraire de montée nous on attaque par la face ouest pour rejoindre l’entrée du couloir. La neige est excellente.
L’entrée du couloir, bon même si la neige nous a paru très saine jusque là, on conserve quand même nos réflexes… une petite corniche, une accumulation en dessous, faut tester un peu avant de se lancer vraiment… Jean Marie passe la corniche et… bingo… tout le haut du couloir part en plaque. Ce n’est pas d’une épaisseur énorme mais comme ça nettoie tout ce qu’il y a en dessous ça finit par faire du volume et un bel aérosol sur le glacier. On s’inquiète un peu pour nos camarades de la voie normale, mais non ils doivent être passés de puis un moment.
Jean Marie pas plus impressionné que ça fait même quelques virages avant qu’on le convainc de remonter. Le bas du couloir doit être tout nettoyé et le ski ne sera pas bon voir même encore dangereux si il reste des choses à purger. Une fois tous ensemble on pourrait redescendre par le vallon ouest mais on choisit de remonter au sommet pour profiter du Glacier de la Cochette en excellente conditions.
Ce sera effectivement très très bon…
On enchaine donc les courbes à vitesse grand V jusqu’à arriver en vue de la coulée. Et là surprise 2 personnes sont dessus avec une chien… On prend contact de loin.
- Vous ne bougez pas on recherche 3 personnes prises dans cette avalanche.
- C’est nous les 3 personnes et on n’est pas dedans...
- Vous êtes sûr ? bon y en a un qui descend…
Jean Marie un peu plus bas descend et après quelques minutes on rejoint tous les 2 CRS Alpes. Pour assurer le coup ils nous demandent de rester encore à leur niveau pendant qu’ils poursuivent quand même la recherche.
Le théâtre des opérations vu du haut, à hauteur et du bas. 20 minutes plus tard environ
- allez merci les gars vous pouvez y aller
- Merci à vous et désolé pour le dérangement
On poursuit donc et ça reste excellent, au col du Couard on retrouve nos 2 amis qui ont déclenché les secours. La coulée s’est produite alors qu’ils étaient déjà au col, ils ne nous avaient pas vus descendre mais comme on leur avait dit qu’on voulait faire ce couloir, devant l’ampleur du bazar vu du bas, ils ont pensé qu’on était dedans et ont appelé les secours, je pense qu’on aurait fait pareil.
Après ça la remontée au Aiguillettes n’est pas pire malgré le dénivelé qui commence à être conséquent. On avait peur d’avoir chaud mais ces petits contretemps nous ont fait pas mal trainer, du coup les quelques cumulus nous gardent une certaine fraicheur. Le haut de notre quatrème descente du jour est encore en très bonnes conditions, ça colle un peu par contre dans Cote Belle mais bon avec les skis larges… Voila au total 2200 m de très bon ski et une dimension un peu irréelle vue les conséquences engendrées par la coulée… Encore heureux qu’on ne soit pas descendu par la combe ouest sinon on aurait peut être même pas vu qu’on était recherché et qui sait jusqu’où auraient été les choses…
Epilogue :
Ce matin Pascal avec qui j’ai discuté de cela hier m’envoie cet article du Dauphiné. Mazette je ne pensais pas que ce type d’incident puisse faire l'objet un article… Quelques commentaires du coup au fil de la lecture.
- - les randonneurs qui ont appelé étaient 2 et c’était bien vers 12h30
- - la coulée devait effectivement être très impressionnante vu du bas (beaucoup plus que pour nous du dessus)
- - les randonneurs ne nous ont pas vu évoluer à l’endroit où est partie la coulée, ce n’était qu’une supposition suite aux discussions qu’on avait eues au sommet. Au vu de cela à leur place on aurait surement aussi "donné l’alerte".
- - On a effectivement confirmé aux 2 CRS qu’on avait assisté mais aussi surtout déclenché l’avalanche.
- - Concernant la "chance de ne pas être emportés!" enfin, il en faut effectivement dans la vie et on l’a tous taquiné à un moment ou un autre en montagne. Sur ce coup néanmoins on n'a pas compté que sur elle et on a essayé de la mettre un peu de notre coté en entrant précautionneusement dans le couloir.
Pour conclure comme le disait Lio il y a quelques temps, il faut toujours rester très vigilant en montagne, d’autant plus, quand les conditions semblent être plutôt bonnes comme ce jour.
Et puis aller une petite touche musicale, on en a parlé pendant la balade, on va les voir bientôt en concert et comme A little bit picky the
snow today, isn't it... alors