Après avoir aperçu furtivement cela samedi dernier, pas facile d’ailleurs car le sentier qui monte à Plancol est souvent en forêt et les angles de vue sont réduits, j’avais bien envie d’aller faire un tour dans la face nord-ouest de Comboursière. Plus austère et d’accès semblant plus compliqué que la tranquille face nord-est, 2 itinéraires y sont évoqués dans le topo Alpinisme Hivernal en Dauphiné. Une goulotte "Victor", une cascade "Avis de grand frais d’automne", avec peu d’éléments descriptifs toutefois car c’est sûr, pas grand monde ne doit venir traîner ses piolets dans le secteur. Tout ça, plus une photo envoyée par Cécile sur laquelle on voit mieux l’ensemble de la face et je n’ai aucun mal à convaincre Cyril de l’intérêt de la balade.
Enfin balade, balade c’est vite dit surtout pour l’approche. Si sur le papier elle est simple et directe, sur le terrain il en va tout autrement. Un brouillard bien humide, une forêt plus ou moins ruinée avec des ressauts foresto/rocheux raidasses où on sortira crampons et piolets, assurément ça a été le moment le moins agréable de la course. Celui où il faut arriver à conserver sa motivation.
Vers 1550 heureusement un petit rappel nous permet de rejoindre le lit du ruisseau des Ruines où si on est toujours dans ce désespérant brouillard la progression est enfin aisée. Vers 1700 au moment où le brouillard nous quitte on débouche enfin dans le joli cirque au pied de la face.
Ca valait effectivement la peine de se donner un peu de mal, on repère "Victor" sur la gauche et on se dirige vers notre objectif avec juste à sa gauche ce qu’on pense être la cascade "Avis de grand frais d’automne". C’est tentant aussi, mais au-delà de ces 2 longueurs la ligne nous parait moins logique pour aller au sommet alors on reste sur notre projet initial. La suite en image
L1 en glace bien dure (c’est le credo cette année pour nous, pourtant le sorbet on aime aussi).
L2 depuis R1, une pente facile puis un bouchon de neige comme d’habitude beaucoup plus technique qu’il n’y paraît. C’est que c’est raide et mou, heureusement une fine bande de glace rive droite à défaut de pouvoir s’assurer, permet des ancrages délicats mais fermes.
Cyril à la sortie de L2.
La suite, des passages en neige entrecoupés de jolis ressauts de glace où on progresse rapidement.
Ca tourne un peu, du coup on découvre l’itinéraire au fur et à mesure, sympa. Si parfois plusieurs possibilités s’offrent à nous, on choisit à chaque fois de rester dans l’axe de la goulotte.
Encore un passage très esthétique pour notre dernier ressaut en glace.
Après environ 300 mètres d’escalade notre dernier vrai relais dans un cette jolie ambiance goulotte.
Au-dessus 300m de pentes et couloirs plus ou moins larges nous attendent. C’est la plupart du temps en neige avec cependant quelques courts passages en mixte ou glace facile, nous ferons tout ça à corde tendue.
Vers 13h30 on est au sommet un peu fatigué (c’était pas la super forme aujourd’hui...) mais content bien sûr… Pour la descente on choisit le versant ouest et la cabane de Combe Oursière. Comme on ne connaît pas, ça nous vaut encore un peu de concentration et de réflexion pour trouver le bon passage dans les barres rocheuses.
Du haut ce n’est pas évident mais en prenant main droite au gros cairn qui marque l’entrée des barres puis en faisant preuve d'un peu de flair ça passera assez facilement. Voila, si le reste de la descente s’effectue sans problème technique, entre l’enfoncement dans la neige parfois jusqu’à la taille et les passages glacés sur le sentier, on ne se repose quand même guère avant d’être revenu au niveau du parking d’été.
Pour conclure notre itinéraire du jour la «goulotte des Ruines*» (photo Cécile du 19/02), dans une jolie face à ne fréquenter que par nivo stable et qu’il faut savoir gagner, c’est pour cela qu’on tenait absolument à y aller ce samedi avant les chutes de neige annoncées. Coté difficultés, si c'est plus difficile que les goulottes de la cabane tant dans l'approche que dans la face, ça reste peu soutenu et très raisonnable, une belle journée decouverte pour nous en tout cas.
* juste un nom comme ça car elle n’en a pas de connu pour nous et qu’outre le nom du ruisseau à sa base, l’approche nous a un peu ruinés...